Printemps 2020, arrêt sur image. Le monde est en pause. La vie s’est ralentie, au point que l’on ne sait plus si l’on avance ou si l’on recule. Nous regardons le temps s’écouler, minute après minute, en nous demandant : quand pourrons-nous enfin reprendre le cours de nos projets ?

29/04/2020
Je crois que je suis comme tout le monde, ou presque : je tourne en rond. Je me sens livrée à moi même. Comment créer et entretenir un rythme de vie sain au quotidien, sans se laisser rattraper par la paresse ni tomber dans l’excès de la surproductivité ? Tout ce à quoi j’aspire est dehors. Tout ce qui me motive est dehors. Mes proches, évidemment, mais aussi tous mes petits bonheurs : l’escalade – et le sport en pleine nature de manière générale, l’air pur de la montagne, les escapades ici et là-bas, les goûters au soleil et les promenades en longboard le long des berges.

visioshoot shooting portrait facetime confinement

11/05/2020
Le grand jour est arrivé, les choses reviennent doucement à leur place. Ce n’est pas encore terminé, loin de là, et je pense que beaucoup d’entre nous sortirons changés de cette expérience… particulière. Mais, lentement, je recommence à respirer. Je me remets sur pieds – littéralement – et admets que le confinement aura quand même eu sur moi un effet bénéfique. Je me retourne alors pour voir le chemin parcouru ces deux derniers mois et je suis heureuse. Heureuse de n’avoir pas succombé à la folie et d’avoir su organiser mon temps entre diverses activités. Aujourd’hui, je passe en revu toutes les petites choses que le confinement m’aura permis de faire, et que j’espère conserver par la suite. Des petites joies de ma routine qui me font le plus grand bien, dans une vie à cent à l’heure.

Routine Yoga.

confinement yoga

Je crois que ces nombreuses semaines de quarentaine auront donné à beaucoup d’entre nous la possibilité de s’essayer au Yoga. J’avais déjà pris quelques cours, mais le sport doit rester pour moi un plaisir : j’ai besoin que cela m’amuse et me défoule. Le calme, la concentration et la spiritualité développés par le yoga ne s’allient guère avec ma perception de la pratique sportive. Néanmoins, je ne niais pas que les séances me faisaient du bien : les étirements, les exercices de gainages et les postures d’équilibre m’apportaient un confort non négligeable au quotidien. Pendant le confinement, le yoga s’est imposé à moi : toujours avec le pied en vrac, c’était le seul sport que je pouvais pratiquer sans trop risquer de ralentir ma rémission. Après un parcours infructeux des vidéos sur youtube, un ami m’a conseillé l’application Down Dog. Très intuitive, avec des tas de possibilités, j’ai pris la décision de souscrire un abonnement même après la fin de la période gratuite. Tous les jours, je m’accordais trente minutes à une heure de yoga vinyasa. Même si je ne suis pas très friande de l’aspect spirituel du yoga, chaque séance m’apportait la dose d’endorphine dont j’avais besoin pour garder ma bonne humeur toute la journée. Etrangement, si j’avais fait mon yoga, je pouvais paresser toute la journée sur mon canapé sans culpabiliser. Je m’étais accordée un temps pour moi, qui m’avait fait du bien et m’avait permis de voir que mon corps était toujours capable. La motivation que j’ai mise en place chaque jour pour sortir mon tapis fait partie des choses que je souhaite entretenir au long terme, dans ma nouvelle vie de photographe freelance.

Cookies, jour 17.

confinement cuisine

« Viens prendre le goûter ! » Qui, parmi mes amis, ne m’a jamais entendu faire cette proposition? Oui, le goûter est le repas le plus important de la journée, hors de question de passer à côté. Alors oui, c’est vrai, j’ai pris du poids pendant le confinement et je n’en suis pas fière. La blessure au pied et le Covid-19 ont grandement réduit mon activité physique journalière au quasi-néant et ont augmenté mon temps disponible pour faire des gâteaux (et les manger). Mais ces quelques kilos en trop ont du positif : j’ai retrouvé le plaisir de cuisiner. Afin de ne pas me nourir exclusivement de cookies, j’ai mis en place un planning de repas. Cela a plusieurs avantages : éviter le gaspillage en n’achetant que ce dont on a besoin ; manger plus équilibré ; préparer de bons petits plats à savourer. Si je ne faisais pas attention, je mangerais des cochonneries toute la journée et ne ferais jamais de vrais repas. Le fait d’avoir un planning et envie de m’y tenir m’a donné un cadre pour éviter les (trop gros) excès. Evidemment, il arrivait qu’un paquet de bonbons apparaisse dans mon placard, ou qu’une soirée pizza/bières s’immisce dans le programme, mais la plupart du temps je privilégiais les patisseries maisons et les plats simples mais très bons (ce qui ne veut pas dire diététique, malheureusement). Je ne suis pas une grande cusinière, alors j’ai trouvé pleins de recettes sympas sur Pinterest. De quoi mettre l’eau à la bouche. Je vais tenter de garder cette volonté de bien manger, et j’espère pouvoir rapidement inviter tous les copains à prendre le goûter à la maison, même si mon stock de thé a lui aussi eu du mal à survivre au confinement.

Du temps pour les animaux.

confinement animaux
confinement animaux

Je crois que personne n’a autant profité du confinement que mes deux petites boules de poils : Leica et Ohana. En étant 24h/24 à l’appartement, elles ont été comblées de caresses et de papouilles. Les ronrons et les poutpouts envahissaient l’espace. Je n’imagine pas ma vie sans animaux de compagnie, et je me rends compte tous les jours d’à quel point elles sont importantes pour moi. J’ai profité du confinement pour sortir Leica dans le jardin de la copropriété, et la voir explorer les environs, ventre à terre, est un réel délice. Je crois que désormais, je prendrais plus de temps pour lui faire visiter le dehors. Même si je sais que ma furette est une voleuse de chaussettes plutôt qu’une ramasseuse de fleurs, j’ai l’impression qu’elle apprécie ces promenades au soleil et les retours à la sécurité de la maison. Quant-à Ohana, chasseuse professionnelle de feuilles mortes sur le balcon et collectionneuse de papillons de nuit, elle semble ravie d’avoir son Humaine avec elle à la maison. Elle me suit partout, me ramène ses jouets dans le lit, réclame des câlins toutes les trois minutes. Abandonnée quand elle était chaton, je crois qu’elle est maintenant un chat comblé d’amour et de croquettes. Et, évidemment, on en a profité pour jouer toutes les trois ensemble : Homme, Chat et Furet. Un beau trio hyperactif et sensible, une amitié à toute épreuve que je souhaite voir perdurer le plus longtemps possible.

Photographe confinée.

Comment continuer à faire de la photo quand on ne peut ni sortir, ni voir des gens ? Qui, quoi photographier, et comment ? Je me suis demandée comment j’allais pouvoir faire mon travail, qui se base en grande partie sur le contact et le partage avec autrui. Au début, je me suis dit que je laisserais cette partie de côté, puis continuerais à travailler sur mon site internet, mon réseau Instagram et Facebook. Que j’en profiterais pour rattraper un peu mon retard sur mes vieilles photos de voyages. Que j’avancerais sur l’aspect digital, et reprendrais le relationnel dès que possible. Mais, il faut bien l’avouer, ce n’est pas moi. J’ai besoin de partage, de discussion, d’échange. J’ai besoin de mettre mes idées en marche et de laisser libre court à mon imagination. La créativité, elle, n’était pas confinée. Alors après avoir pris en photo mes séances de yoga, mes repas et mes animaux, je me suis dit qu’il fallait que je trouve autre chose. Que je continue à communiquer avec mon public.

Je me suis tout d’abord pencher sur la conception de livres photos avec Saal Digital, qui assurait son service pendant la quarentaine. Premièrement, j’ai réalisé le livre de mariage de Claudia et Julian : pendant une semaine, Claudia et moi avons échangé sur le choix des photos et la mise en page. A terme, elle a fait la surprise à son mari, et leurs retours m’ont une fois de plus fait chaud au coeur. Ensuite, j’ai décidé d’offrir un livre à mes parents, en guise de remerciement pour le voyage en Thaïlande qu’ils m’ont offert l’hiver dernier. Cela m’a motivée à traiter rapidement mes images, mais m’a aussi permis de retourner un peu au soleil, avant que la crise sanitaire n’éclate vraiment.

photographe voyage thailande elephants

Cependant, j’avais l’impression de brider mon expression, de l’enfermer dans mon appartement et de ne pas laisser l’inspiration se matérialiser. Puis la photographe Laura Galland a commencé à partager des photos de shootings réalisés à distance, via visio-conférence. L’initiative viendrait du photographe Nicolas Stajic, et a été reprise par de nombreux collègues pendant le confinement. Je me suis dit « pourquoi pas? ». Alors j’ai proposé à mes « partners in crime » favorites, Alexandra du blog Itinera Magica et Julie du blog Julie la Blogtrotteuse, si elles voulaient bien se préter au jeu. Elles ont accepté et, chaque semaine, nous nous sommes données rendez-vous sur skype pour des mini-séances à distance. Les premières fois ont été compliquées : jongler entre la connexion internet clignotante, les batteries qui tombent à plat, la qualité des webcams, la mise en place du téléphone/tablette/ordinateur, l’enregistrement des screenshots… Mais petit à petit, les idées se sont renouvelées, les visions se sont concrétisées et nous avons réussi à créer et à partager.

J’ai, de ce fait, proposé ce service à tout le monde, modèles improvisés, amateurs ou professionnels, afin de continuer à exercer mon métier. C’est la très belle Clémentine du blog Travelling Tangerine qui a bien voulu poser pour moi. Nous avons upgradé la technique en utilisant son appareil photo réflex comme webcam.

Cette séance avec Clémentine s’est soldée par une frustration supplémentaire : plutôt que de faire des captures d’écran toutes bruitées sur mon ordinateur, pourquoi ne déclencherais-je pas à distance l’appareil photo de mon modèle ? Pour cela, il suffisait simplement que je prenne la main sur l’ordinateur sur lequel est branché l’appareil photo (avec Anydesk par exemple), et je pouvais ainsi capturer avec l’appareil ce que je voyais à l’écran. Je pouvais même faire mes réglages ! C’est Julie qui a donné de son temps (et de son matériel) pour une première session shooting Haute-Qualité à distance. Nous avons utilisé le logiciel Digicam Control pour gérer l’appareil photo, relié à l’ordinateur via un cable USB. Nous avons du faire face à quelques difficultés, notamment en terme de cadrage, de temps de latence entre ce qu’il se passait et ce que je voyais, des soucis de mise au point dû à l’autofocus, etc. En d’autres termes, on n’est pas encore au même niveau qu’un véritable shooting IRL, mais on s’en rapproche! Cela nous a permis de concrétiser nos envies avec des images qualitatives, que j’ai pris grand plaisir à développer. Si vous souhaitez tenter les séances de portraits à distance et que votre modèle possède un peu de matériel photo, c’est idéal.

L’adaptation est une qualité essentielle pour entreprendre : je pense que les moyens numériques d’aujourd’hui nous permettent de continuer beaucoup d’imprévus, qu’il faut juste se servir des outils qu’on a à notre disposition. Je suis infiniment heureuse de pouvoir reprendre les séances photos dans la vie réelle, de sortir de chez moi et de rencontrer de nouvelles personnes (avec toutes les précautions nécessaires), de pouvoir partager ma passion du Monde et du Vivant avec vous. Mais, si le coeur vous en dit, je continuerais à proposer ces séances virtuelles : pour ceux qui ne peuvent sortir, pour ceux qui sont trop loin, ou pour ceux qui veulent simplement essayer en restant dans le cadre rassurant de son chez-soi.

visioshoot shooting portrait facetime confinement

Deux mois, 55 jours sans sortir. J’entrevois enfin le début de la fin, et la fin de début. Déjà, les projets redémarrent, des idées voient le jour. Dans les prochains jours, je vais reprendre les shootings (à Lyon pour le moment), et retourner un peu dans les Alpes, mes montagnes, dans mon rayon de 100km. Je vais amorcer la reprise de l’escalade et des randos. Un petit pas vers la liberté, un grand pas vers le Bonheur. J’ai hâte de le retrouver, même si au fond je ne l’ai jamais vraiment perdu.